Appel collectif proposé à la signature des associations et des personnes engagées dans l'action culturelle en Limousin.
Rédigé par la Plata-fòrma lemosina per la lenga, réunie à Aixe-sur-Vienne le 14/09/13.

Ceci est un appel des associations et des personnalités qui sont attachées à la sauvegarde et à la promotion de la langue et de la culture limousines.
Il part d’un constat :

  • absence presque complète d’enseignement de l’occitan limousin (du primaire au supérieur),
  • absence de toute politique linguistique régionale cohérente,
  • absence de toute présence dans les médias publics,
  • absence presque totale de visibilité publique de la langue.

Des engagements avaient été pris, lors des Assises pour l’occitan en 2006 à Limoges, pour remédier à cette situation calamiteuse. Sept ans plus tard, rien n’a changé !

Mercredi 11 septembre 2013, un vote historique a eu lieu au Parlement européen : 94% des eurodéputés se sont prononcés en faveur d’un engagement effectif de tous les États européens à soutenir les actions de sauvegarde et de revitalisation des langues minoritaires et régionales.
À l’heure où se dégage un consensus international autour de l’urgence d’une protection de la diversité linguistique partout menacée, le Limousin semble persister dans une attitude de dénégation de sa propre histoire et de sa propre identité. L’éradication du « patois honteux » se poursuit. Mais cela est-il un choix de la population ? Celle-ci, en effet, n’a jamais été consultée sur cette question, apparemment tenue pour tout à fait dérisoire ou peut-être dérangeante par les élus et les décideurs.
Il faut que cela cesse. Il faut que le Limousin, avant qu’il ne soit vraiment trop tard, s’engage résolument dans la reconnaissance et la promotion de sa langue !

Ainsi,

  • Nous demandons en premier lieu la prise en charge par la Région Limousin d’une enquête approfondie sur l’état de la langue et les aspirations des Limousins sur cette question (à l’exemple de l’étude réalisée en 2008 en Aquitaine : Présence, pratiques et représentations de la langue occitane en Aquitaine).
  • Nous demandons la nomination à la Région d’un chargé de mission pour la langue occitane ainsi que la création d’une assemblée régionale de concertation rassemblant des représentants des institutions et des opérateurs linguistiques et culturels engagés sur le terrain (sur le modèle de l’Amassada - Conseil de développement pour la langue occitane - en Aquitaine).
  • Nous exigeons un plan d’urgence pour l’enseignement aujourd’hui anéanti de la langue, en primaire, en collège, en lycée et dans le supérieur. Il est scandaleux que le Conseil académique pour les langues régionales (dont le décret de création date du 31 juillet 2001) n’ait jamais été réuni dans notre Académie. Nous exigeons en particulier, conformément à l’article L.312-10 du Code de l’éducation, l’établissement d’une convention entre la Région et le rectorat pour le développement de l’enseignement de l’occitan et l’ouverture d’un site bilingue en primaire comme il en existe de nombreux dans les académies de Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Aix-Marseille et Nice. Nous exigeons en outre l’application pour l’occitan limousin des mesures concernant les langues régionales prévues par la loi d’orientation pour l’École publique du ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon.
  • Nous exigeons une présence de la langue sur les radios publiques régionales (France Bleu Limousin et France Bleu Creuse) et sur la chaîne de télévision publique régionale France 3 Limousin (conformément aux cahiers des charges de ces institutions).
  • Nous demandons à la presse régionale de s’engager à publier des rubriques régulières sur la langue et dans la langue, assorties si besoin d’aides à la lecture ou d’une traduction en français (sur ce point, comme pour le précédent, les associations et personnalités signataires sont disposées à apporter leur concours).
  • Nous demandons la généralisation de la signalisation bilingue aux entrées de villes. À ce jour, seulement 41 communes limousines en sont équipées, sur les 747 que compte la région.
  • Nous demandons à la Région, aux Départements et aux communes d’adopter une politique volontaire en matière de création en langue occitane (littérature, musique, théâtre, cinéma, etc.).
  • Nous demandons aux organismes de promotion touristique de communiquer sur la langue et favoriser sa visibilité avec les moyens qui sont les leurs.

Faut-il rappeler que la variété des langues du monde est une richesse de l’humanité à préserver et à partager, et non pas un repli identitaire comme certains esprits étroits tentent encore aujourd’hui de le faire croire ? Il revient à chacun, chez lui, sur son territoire, de prendre ses responsabilités et d’agir pour le maintien de cette diversité vitale. Un peu partout en France, en Europe (on l’a dit, l’énorme majorité des eurodéputés) et sur la planète, des femmes et des hommes l’ont bien compris, il faut maintenant que les décideurs limousins en prennent conscience, c’est là leur devoir. Ils ne peuvent rester plus longtemps complices de la disparition d’une langue et de sa culture !

Pour connaître les associations et personnes signataires, ainsi que les suites de la Credada, rendez-vous sur http://plataforma.canalblog.com/